Le trouble bipolaire est un trouble neuropsychiatrique complexe qui nécessite une prise en charge sous différents angles. Son traitement n'est parfois pas facile et représente un défi pour de nombreux professionnels. Dans cet article, on va approfondir le traitement des troubles bipolaires.
Le trouble bipolaire est, également, appelé trouble maniaco-dépressif ou maniaco-dépression. Il s'agit d'une maladie chronique et récurrente qui combine des épisodes maniaques et des épisodes dépressifs. Elle provoque, donc, des sautes d'humeur qui alternent des hauts et des bas émotionnels :
Les épisodes maniaques se caractérisent par un niveau d'énergie et d'activité très élevé. Les patients présentent une joie démesurée, accompagnée d'exaltation, d'euphorie et de grandiosité. En général, l'estime de soi augmente et le besoin de sommeil diminue.
En revanche, dans les épisodes dépressifs, les sentiments sont totalement opposés, avec une phase dépressive d'immense tristesse et même des idées suicidaires. L'énergie et la motivation pour les activités quotidiennes diminuent. Des troubles du sommeil ou de l'appétit peuvent notamment survenir. C'est la phase la plus difficile à contrôler pharmacologiquement.
Parfois, il s'agit d'une maladie mal diagnostiquée qui suscite de nombreux doutes chez les spécialistes quant à sa prise en charge et son traitement. Il existe plusieurs types de troubles bipolaires, bien qu'il ne soit parfois pas facile de les différencier et/ou de les déterminer.
Qu'est ce qui mène à la dépression bipolaire ?
Pour le psychiatre, il est important de déterminer si la dépression a été inaugurée ou non par un épisode maniaque.
Lorsque cet épisode maniaque est franc, le diagnostic est, généralement, plus aisé : il s'agit d'un trouble bipolaire de type I.
En revanche, dans le trouble bipolaire de type II, la phase maniaque peut plus facilement passer inaperçue et brouiller le diagnostic.
Enfin, "il arrive que la dépression soit associée à l’état d’excitation. Dans ce cas, le diagnostic d’état mixte ou de dépression mixte est évoqué", précise le psychiatre.
Pour mieux comprendre la dépression bipolaire, il est, également, important d'identifier les détonateurs. Par exemple :
- Des situations de stress ;
- Des changements de rythme de vie ;
- Des événements pénibles.
"Mais la caractéristique de la dépression bipolaire est son évolution spontanée, tout du moins après plusieurs épisodes. C’est-à-dire que les épisodes de dépression peuvent finir par apparaître sans facteur déclenchant", affirme un spécialiste.
Dépression bipolaire : des symptômes particuliers
"Rechercher l’existence d’un trouble bipolaire devrait être systématique lors de l’évaluation d’un état dépressif".
La dépression bipolaire possède effectivement des signes cliniques qui la distinguent d'une dépression unipolaire :
- Déclenchement à un âge plus précoce ;
- Risque suicidaire plus élevé ;
- Symptômes psychotiques associés ;
- Hypersomnie à la place de l’insomnie qui est plus fréquente dans la dépression unipolaire ;
- Augmentation de l’appétit (hyperphagie) avec un goût prononcé pour le sucré ;
- Ralentissement moteur (c’est-à-dire des gestes et des mouvements) ;
- Ralentissement de la pensée ;
- Émoussement des affects (la personne ressent moins d’émotion et a le sentiment que ses sentiments sont anesthésiés) ;
- Recrudescence matinale des symptômes avec une difficulté à se mettre en route et un allègement en fin de journée ;
- Réactivité aux antidépresseurs avec un risque d'inversion mais aussi une majoration de l’anxiété et l’apparition d’une irritabilité.
Dépression bipolaire : des signes avant-coureurs
- La pose de ce diagnostic passe aussi par la recherche de différents éléments :
- La recherche d’antécédents familiaux de trouble bipolaire (ce qui n’est pas aisé car ils n’ont pas été obligatoirement identifiés) ;
- La recherche des périodes d’excitation dans la vie de la personne (elles passent souvent inaperçues, d’où la difficulté) ;
- L’existence de troubles associés (addictions, troubles de la personnalité avec une instabilité et une impulsivité au premier plan) ;
- La mise à jour d’épisodes de dépression fréquents et sévères ;
- La recherche d’antécédents de troubles de l’humeur dans les suites d’un accouchement car ces derniers peuvent être des indices en faveur de la bipolarité.
"En fait, devant tout trouble dépressif, le médecin devrait procéder à une enquête minutieuse à la recherche de bipolarité. C’est ainsi que des questionnaires de dépistage ont été proposés : HCL-32 de Angst et MDQ de Hirschfeld", précise un psychiatre.
Le diagnostic de la dépression bipolaire
Si la pose de ce diagnostic précoce est essentielle, c’est effectivement parce que le traitement de la dépression bipolaire est différent de celui de la dépression classique.
En clair, plus tôt la maladie sera traitée, moins les épisodes dépressifs s’aggraveront et se rapprocheront. "Trop souvent, le trouble bipolaire n’est pas identifié et le traitement antidépresseur est prescrit seul avec toutes les conséquences dramatiques que cela peut occasionner. Il est largement admis que les antidépresseurs prescrits seuls aggravent l’évolution en favorisant une augmentation de la fréquence des cycles et le risque suicidaire. Ce n’est pas pour autant qu’ils ne seront jamais prescrits, mais toujours en association avec un ou plusieurs", Comme le précise le spécialiste. Cela est d’autant plus vrai dans les troubles bipolaires de type II où les épisodes d’excitation sont modérés par rapport à la dépression (qui est sur le devant de la scène clinique). Les troubles bipolaires de type II sont les plus fréquents, et malheureusement ceux qui sont diagnostiqués le plus tardivement, après dix ans en moyenne.
"À l’inverse, les troubles bipolaires de type I sont plus faciles à diagnostiquer car plus explosifs. Cependant, ils peuvent être confondus avec des troubles schizophréniques".
Dépression bipolaire et envies suicidaires
Le trouble bipolaire présente un risque suicidaire majeur. Les chiffres de 10 à 15 % sont, souvent, rapportés dans la littérature scientifique.
"Ils sont étroitement liés à la dépression et surtout à son caractère récurrent et à la perte d’espoir. Mais le risque suicidaire existe en cas d’état mixte (dépression et excitation) et peut s’observer à la fin d’un état maniaque et lorsqu'il évolue vers la dépression. L’addiction à l’alcool et l’anxiété, souvent, associées sont des facteurs aggravants au même titre que les conséquences sociales désastreuses", décrit un psychiatre.
Différentes options de traitement
Le traitement des troubles bipolaires associe, généralement, une thérapie pharmacologique et une psychothérapie. Comme on l’a dit, il s'agit d'un trouble complexe qui nécessite une gestion sous différents angles.
Traitement pharmacologique des troubles bipolaires
Classiquement, le traitement pharmacologique des troubles bipolaires repose sur l'utilisation de :
- Lithium : est souvent utilisé comme alternative ou comme complément au lithium. Il n'est pas efficace dans tous les types de troubles bipolaires et présente, également, certains effets secondaires dangereux, bien que ceux-ci soient rares. Il a des interactions avec d'autres médicaments.
- L'acide valproïque ou valproate : il est, également, largement utilisé en association avec le lithium, bien qu'il ne soit pas efficace dans tous les cas. Son potentiel tératogène limite son utilisation chez les femmes en âge de procréer et susceptibles de tomber enceintes.
- Les neuroleptiques conventionnels, comme la chlorpromazine : leur utilisation est de plus en plus remplacée par des neuroleptiques atypiques. Ceux-ci ont moins d'effets indésirables et un profil d'action plus large.
- Les antidépresseurs tricycliques, comme l'imipramine : ils sont presque, toujours, utilisés en association avec des stabilisateurs de l'humeur. Ils sont de plus en plus remplacés par des antidépresseurs qui ont moins d'effets indésirables.
Comme on peut le constater, bien que les médicaments classiques soient, encore, efficaces, il est nécessaire d'élargir l'arsenal thérapeutique utilisé dans le traitement des troubles bipolaires. On doit continuer à étudier d'autres médicaments plus efficaces et présentant un risque moindre d'effets secondaires.
En fait, il est de plus en plus fréquent de recourir à la polythérapie, en combinant l'action de différents médicaments qui se complètent. En général, les stabilisateurs de l'humeur, comme le lithium ou les antiépileptiques, sont associés à des antidépresseurs, comme les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine ou le bupropion.
Traitement non-pharmacologique
De même, comme on l'a dit, il existe d'autres traitements et techniques non pharmacologiques qui sont, également, utiles dans ce trouble, dans le but d'améliorer la qualité de vie des patients. Parmi eux, on trouve :
L'électroconvulsivothérapie : elle est considérée comme le traitement le plus efficace dans les phases aiguës de la maladie, bien que son utilisation soit rejetée par de nombreux professionnels. Elle provoque parfois des effets indésirables sur la mémoire et présente des risques dus au processus d'administration et à l'anesthésie.
Ce traitement est complémentaire au traitement pharmacologique, prolongeant la stabilité des patients et réduisant les épisodes aigus. L'un des objectifs les plus importants est d'améliorer l'observance thérapeutique, qui est fondamentale dans le traitement de ce trouble.
Nouvelles techniques biophysiques, telles que la stimulation magnétique transcrânienne.